La plupart des dirigeants ont tendance à considérer que les diplômés ne sont pas assez préparés à la vie professionnelle. Qu’attendons-nous pour agir ?
La plupart des patrons ont, certes, une image positive des écoles supérieures dont ils soulignent le « haut niveau de compétences » des diplômés, mais ils déplorent le manque de préparation à la vie professionnelle de ces mêmes diplômés, estimant entre autres qu’ils sont peu capables de travailler en autonomie.
Dans le même temps, beaucoup de jeunes diplômés considèrent que les compétences qu’ils ont acquises ne correspondent jamais ou rarement aux attentes des entreprises. Selon eux, les études leur ont permis d’acquérir des compétences techniques, académiques, mais ne leur ont pas appris un métier ni à l’exercer.
Patrons et étudiants sont en accord sur un point : les études en France manquent de pratique et plus généralement de la connaissance du monde de l’entreprise.
Mais nous, entrepreneurs qui peinons à recruter et surtout à fidéliser nos salariés, nous qui sommes en attente de nouveaux talents, de nouvelles singularités créatives, de recrues agiles, autonomes, qu’attendons-nous pour aider les étudiants de nos écoles supérieures à développer ces compétences et leur permettre de s’imprégner des pratiques de nos entreprises ?
Notre responsabilité sociétale est là : nous inscrire davantage au cœur des enseignements supérieurs pour l’avenir de nos entreprises.
Le parcours d’un étudiant doit le préparer à développer son employabilité et réussir son intégration dans le monde du travail. Il est donc crucial qu’il soit formé aux codes et aux modes de travail de nos entreprises, que l’étudiant puisse pleinement les appréhender afin de pouvoir acquérir les compétences personnelles et sociales qui lui permettront de s’intégrer et de faire preuve d’autonomie, d’efficacité et de créativité dans ses futures missions.
Concrètement, que pouvons-nous faire ?
Enseigner et transmettre
Nous devons sortir de ce modèle récurrent où les entreprises ne collaborent avec les universités qu’au sein des laboratoires, où le professionnel issu de l’entreprise ne vient faire qu’une intervention d’une ou deux heures et repart sans s’investir plus avant dans la vie de la promotion ou de l’institution. Nous pouvons faire en sorte que les cours d’entreprenariat soient assurés par des entrepreneurs, que l’étude de cas pratiques et le travail en mode projet soient menés et accompagnés par les directeurs et les experts séniors des entreprises.
La transmission de nos savoirs professionnels peut s’envisager sous de multiples déclinaisons : heures d’enseignement, participation aux workshop organisés au sein des écoles et des universités, animation de masterclasses, accompagnement des étudiants-entrepreneurs au travers d’ateliers ou tutorats par exemple, présence aux entretiens de sélection des étudiants, au sein des jurys. Nous tous qui sommes les décideurs de leur futur recrutement, nous pouvons être présents auprès des étudiants, pousser leurs projets, les encourager, ouvrir les portes qui permettent leur pleine réalisation, ne serait-ce qu’en répondant systématiquement à leurs demandes d’interviews dans le cadre de leurs mémoires.
Accueillir et accompagner
Proposons aux étudiants des stages et des alternances de qualité qui favoriseront leur insertion. Un stage peut aider un étudiant à enrichir sa formation, lui donner l’opportunité de développer ses savoirs, de mûrir, et de nouer des liens utiles pour sa future recherche d’emploi. Mais pour être fécond, un stage doit répondre à des exigences fortes sur le contenu des missions (une autonomie suffisante sans être excessive, des tâches formatrices) et le stagiaire a besoin d’être réellement accompagné sur le terrain au travers d’un tutorat formateur qui lui permettra de faire, mais aussi d’observer, de réfléchir et d’analyser ce qu’il a fait, vu et vécu.
Relayer et informer
Nous sommes les mieux placés pour établir des passerelles entre les formations universitaires, les écoles supérieures et les associations professionnelles auxquelles nous appartenons. Nos réseaux nous permettent de transmettre, diffuser et valoriser les demandes et les offres de stages, d’alternance et d’apprentissage. Nous pouvons ouvrir nos carnets d’adresse et ceux de nos pairs pour offrir des intervenants professionnels de qualité aux formations.
Valoriser et financer
Les formations que nous avons reçues nous définissent encore en partie. Valorisons-les sur nos réseaux sociaux, parlons-en lors de nos interviews. Soyons les ambassadeurs de ces parcours, en les valorisant, nous valorisons les nouvelles générations qui en sont issues. Nos taxes d’apprentissage, nos dons, peuvent contribuer à soutenir les formations universitaires qui nous ont formées.
S’engager n’est jamais facile au quotidien, surtout quand il s’agit de s’investir physiquement dans l’enseignement, mais participer à la formation des étudiants est aussi et surtout synonyme d’enrichissement pour chacun d’entre nous et pour nos entreprises. Rencontrer des étudiants, c’est aussi l’opportunité de réfléchir à nos pratiques professionnelles au contact des nouvelles générations.