Meetings politiques, évènements publiques d’envergure : une organisation millimétrée
Un homme ou une femme politique, un ou une PDG, communique dès qu’il ou elle pénètre dans la sphère publique.
Tout fait sens lors d’une réunion publique, surtout si elle se déroule sous les regards aiguisés des médias. Les images ne s’effacent pas et marquent durablement. Chaque geste, chaque expression de celui qui s’expose sur une estrade, derrière un pupitre, est disséqué, interprété, commenté. Bien communiquer dans ces situations à risque, c’est avant tout anticiper et gérer au maximum un certain nombre de paramètres. Les évènements politiques d’envergure internationale sont particulièrement riches d’enseignements en ce sens. Leur observation et leur suivi in situ nous ont permis de définir les incontournables qui fluidifient et garantissent une communication maîtrisée.
Anticiper
La mise en scène doit être soignée, pensée en amont. En Avril 2009, lors du déplacement « Sécurité » du Président Nicolas Sarkozy, des dizaines de policiers et gendarmes patientant au garde-à-vous serviront de fond à l’intervention présidentielle. L’image est unique et hautement symbolique. Elle sera réutilisée souvent comme illustration des sujets sécuritaires du quinquennat. En septembre 2013, les points presse informels du Président François Hollande sont on ne peut plus préparés à la sortie des entretiens bilatéraux sur les relations franco-africaines. Chaque journaliste a une place déterminée, l’éclairage est soigné, le Président maquillé.
La sélection des médias est essentielle. Lors de grands évènements, des dizaines, parfois des centaines de journalistes font le déplacement. Il est évidemment impossible qu’ils accèdent tous aux personnalités. Le service de presse organise donc des pools de journalistes. Seul un petit groupe d’entre-eux, interviewers, photographes, rédacteurs, est autorisé à approcher au plus près de l’évènement et de ses acteurs. Les agences de presse et télévisions nationales sont privilégiés, d’autant que leurs images peuvent être dans ce cas mises à disposition de l’ensemble des médias. Les négociations entre médias et services de presse sont alors courants.
Chaque séquence du programme doit être traitée comme un évènement à part. L’arrivée des chefs d’État est une séquence, leur départ en est une autre. Lors du G20 en 2011, pour travailler, évoluer sur l’ensemble de l’évènement, chaque journaliste portait en permanence son accréditation officielle, et un certain nombre de sur-badges qui l’autorisaient à couvrir les différentes séquences en fonction de leur sensibilité. Les off, ces conversations « spontanées » entre hommes politiques ou conseillers proches et journalistes, sont en réalité préparés en amont au même titre que les autres séquences.
Les coulisses sont une séquence média à ne pas négliger. Les plans de coupe, les images d’illustration se nourrissent des coulisses. Les journalistes y puisent des angles nouveaux, une façon originale de couvrir l’évènement. Ces séquences coulisses peuvent être proposées aux journalistes à la marge de l’évènement. La visite du dispositif de sécurité par un officiel, des images saisies dans le poste de commandement qui gère l’ensemble des caméras de la ville sont les marronniers du genre.
Un évènement impose donc une logistique média. Au sommet ECOFIN du 13 septembre 2008, en pleine crise économique mondiale, alors même que le monde découvre qu’une banque peut faire faillite, tout est fait pour faciliter le travail des journalistes, optimiser le travail final des communicants. Les espaces de prise de vue sont pourvus d’éclairages professionnels. Une remorque surélève les photographes pour la réalisation de la photographie officielle. Quelles que soient les circonstances extérieures, il faut gérer cet aspect de la communication parce qu’il influera sur ce qui sera diffusé. Centres de presse, bureaux, liaisons Internet haut débit, téléphones, casiers, espaces de direct avec vue, connexions satellites éventuelles : chaque point s’envisage au regard du retentissement souhaité.
Gérer
Aujourd’hui, plus que jamais, la recherche de l’équilibre sécurité/presse est essentielle et cet équilibre est un marqueur de l’importance de l’évènement en cours. Dans certains cas, le G20 de 2011 par exemple, le haut niveau de sécurité contribue à créer une ambiance spéciale qui signe d’emblée l’envergure de ce qui se joue : le bruit des pales des hélicoptères au-dessus de la ville, les équipes cynophiles, les patrouilles de détection de risques chimiques et bactériologiques qui arpentent le périmètre, la garde républicaine, les nombreux points de contrôle successifs… A contrario, l’absence de sécurité visible au Congrès de la Mutualité Française d’octobre 2012 – seuls quelques véhicules de police sont garés aux abords de l’évènement – rend la venue du Président Hollande quasi inaperçue. Les derniers déplacements du quinquennat Hollande seront nettement plus sécurisés, donc bien plus visibles. Le degré sécuritaire, plus ou moins élevé, doit être proportionnel à l’importance que l’on veut donner à l’évènement parce qu’il installe une atmosphère de communication.
Pendant les interventions présidentielles, ou pendant une allocution essentielle, plus personne ne doit entrer ou sortir de la salle. Si parfois la salle doit restée figée, des contraintes moins fortes amènent une décontraction conviviale qui facilite les échanges. Le 21 Avril 2009, lors du déplacement « Sécurité » du Président Nicolas Sarkozy, le Président et les ministres présents profitent d’une de ces séquences pour jouer avec les objectifs des photographes, regards de côté, sourires, autant de gestes de communication impossibles dans d’autres circonstances. Dans ces instants particuliers, le politique ou tout autre intervenant important a la possibilité de séduire son public par média interposé.
Le sourire, l’attention à autrui, la convivialité, le dynamisme de l’allure : les marqueurs immédiats de la communication. Toute sortie publique est un exercice de communication, donc de séduction, ou d’apaisement. Quelle que soit la dureté du contexte ou des sujets abordés, nos présidents sourient lors de leurs voyages officiels. En septembre 2008, au sommet ECOFIN, en pleine turbulences mondiales, Christine Lagarde parle stabilisateurs automatiques de l’économie dans une atmosphère de fausse décontraction, sourire aux lèvres. Le même jour, le gouverneur de la banque centrale est saisi les yeux fermés, apparemment somnolent pendant la conférence de presse. Cette image servira à bien des illustrations les mois suivants. L’une a donné une image rassurante de femme responsable, l’autre peut choquer.
Un évènement politique, ou d’une autre nature, à partir du moment où il se déroule dans la sphère publique, doit être soigneusement préparé parce qu’il dira toujours plus que le discours prononcé par l’interlocuteur phare. Une communication maîtrisée se prépare en amont et se gère tout au long pour être exploitée au mieux en aval.
Crédit photo : (c) Tanguy HUGUES
Articles similaires
Focus sur le développement web par Pierre, développeur web sénior à l’Agence NOCTA
Le Conseil NOCTA : Le co-branding ou l’alliance des marques : une association profitable
CATEGORIES
-
Commerce(8)
-
Conseil(37)
-
Expertise métier(21)
-
Formation(1)
-
Invités(3)
-
Management(3)
-
Santé(1)
Articles similaires
Focus sur le développement web par Pierre, développeur web sénior à l’Agence NOCTA
Le Conseil NOCTA : Le co-branding ou l’alliance des marques : une association profitable